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Les poésies de Robert Arnaud

Le Pirate D'Alger


Les lourdes bottes ont piétiné de la viande
Frais saignée en terreur ou du chrétien grimace;
La chiourme chante;
Le sabre a tailladé du cordage et des faces.
Les couteaux ébréchés aux grandes haches pendent

Aux reins lassés encore d'un rappel de grappin,
Le sang crie en fanfare aux rigoles des dagues ;
La Chiourme chante;
Les tués on plongé dans le mou blanc des vagues,
La felougque a coupé l'etreinte de leurs mains.

Dans le tas des esclaves neufs les bottes sonnent
La gloire des sillons du sabre qui laboure;
La chiourme chante;
Sous le mât et les voiles grises tonnent
Les mots triomphaux des bonds et des bravoures.

La chair captive est musculeuse et dure
Parmi les pleurs et les prières;
La chiourme chante;
Le soleil cabriole aux clameurs de capture,
La felouque glisse au creux des vagues de guerre.

Le mât latin gémit sous le croissant de fer,
La mer geint des sanglots sous le long viol des rames;
La chiourme chante;
Et rougeoie la splendeur de valses d'oriflammes
Vers les requins ventrus du sillage corsaire.

Le sabre au regard bleu ouvert sur l'infini
Digère ; la felouque a mangé de la force,
La chiourme chante;
La voilure se gonfle en corolle de lys,
Lente la nef cambre les muscles de son torse.